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L’ex-ministre Michèle Alliot-Marie condamnée à six mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts

Michèle Alliot-Marie, 77 ans, ancienne figure de la droite et ex-ministre, a été condamnée, vendredi 6 septembre, à six mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts dans une affaire datant d’il y a douze ans à la mairie de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).
L’ancienne ministre de la défense, de l’intérieur, de la justice et des affaires étrangères sous Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, aujourd’hui âgée de 77 ans, était absente au délibéré. Ses avocats ont immédiatement annoncé qu’ils allaient faire appel. Dans ce dossier, elle était visée pour son rôle présumé dans le versement de subventions à une association présidée par son père, lorsqu’elle était adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz. Une information judiciaire avait été ouverte dès 2013.
L’instruction a mis en lumière des subventions de la mairie de Saint-Jean-de-Luz à une association qui organisait le Festival des jeunes réalisateurs de la ville et était dirigée par Bernard Marie, mort en 2015. Selon les enquêteurs, cette association aurait perçu sur son compte bancaire, entre janvier 2010 et octobre 2012, plus de 260 000 euros provenant notamment de l’office du tourisme de Saint-Jean-de-Luz, subventionné par la municipalité. Chaque année, l’association recevait également 25 000 euros de la part de la mairie.
Entre 2009 et 2013, date de la dernière édition du Festival des jeunes réalisateurs, Mme Alliot-Marie était adjointe au maire en sus de ses fonctions de ministre. « MAM » participait ainsi « personnellement ou par procuration » aux votes portant sur les budgets, comptes financiers et conventions d’objectifs de l’office du tourisme, ont établi les enquêteurs.
Le tribunal a considéré que cette prise illégale d’intérêts était « indirecte » et « mesurée » en raison du montant total identifié dans la procédure, a détaillé la présidente en rendant la décision, qualifiant la peine prononcée « d’avertissement ».
Le tribunal n’a pas prononcé d’amende, ni de peine d’inéligibilité. Les juges n’ont pas considéré « nécessaire » d’interdire à l’ex-ministre d’être élue « en considération de l’ancienneté des faits, du recul de la prévenue de la vie politique, et du fait que ce n’était pas une peine complémentaire obligatoire à l’époque » des faits. Le 2 juillet, le parquet avait requis deux ans d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de Mme Alliot-Marie, ainsi qu’une amende de 50 000 euros et une inéligibilité pendant trois ans.
« Nous sommes en total désaccord avec cette décision », a réagi Me Rémi Lorrain, l’un des avocats de Mme Alliot-Marie, qui assure que l’ex-ministre « a toujours agi dans l’intérêt de Saint-Jean-de-Luz et de la collectivité ». Me Christophe Ingrain, son autre conseil, a, lui, souligné que dans ses motivations, le tribunal « a indiqué qu’il n’y avait pas d’enrichissement personnel et qu’il s’agit d’une condamnation de principe, pour des faits très anciens ».

Le Monde avec AFP
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